Connu sous le nom du groupe afro-punk-jazz brésilien Metá Metá, le guitariste s’élabore cette fois en solo sur Rastilho, un album inspiré par les orixás des religions afro-brésiliennes de sa ville natale, São Paulo.
La musique de Kiko Dinucci est profondément liée aux esprits et inspirée par les orixás des religions afro-brésiliennes. Il joue de la guitare comme d’un instrument de percussion, avec un style énergique qui rappelle du même temps son expérience de la scène afro-punk en tant que fondateur du groupe Metá Metá. Son style incarne la musique du Brésil d’aujourd’hui, fortement influencée par les sonorités africaines, la bossa-nova de Joao Gilberto et le punk de Fugazi, créant ainsi une samba explosive.
Les chants qui accompagnent son jeu de guitare viscéral se parent d’une tessiture vocale brute et incandescente tout en prêtant échos à ses pincements de cordes frappées sur le manche. « Rastilho est un disque de guitare, où l’instrument recouvre tout le reste, les voix, les paroles. C’est le bois qui chante », explique le musicien.
Enregistré dans le studio Minduca de São Paulo, l’album respire la ville natale de Dinucci. Les paroles célèbrent à la fois les figures révolutionnaires brésiliennes du passé, tout en abordant les problèmes qui affligent actuellement le pays. Sur le titre « Exu Odora », l’artiste reprend une chanson traditionnellement interprétée dans les maisons candomblées Ketu – une religion afro-brésilienne d’origine Yoruba, territoires du Nigéria et du Bénin. « Olodé » est associé à Oxosi, esprit de la chasse, de la forêt et des animaux, « Tambú e Candongueiro » tire son nom de deux tambours introduits au Brésil par des esclaves bantous et « Gurufim » correspond à la veillée funèbre qui a lieu lorsqu’un artiste de samba meurt. « Marquito » est inspiré de l’histoire de Marco Antônio Brás de Carvalho, un ingénieur et guérillero formé à Cuba et exécuté pendant la dictature militaire de 1969 ; « Dadá » rend hommage à Sérgia Ribeiro da Silva, un bandit de la fin du XIXe siècle originaire du nord-est du Brésil, tandis que « Gaba » s’inspire de Zacimba Gaba, une princesse angolaise réduite en esclavage et amenée au Brésil au XVIIe siècle qui a mené une rébellion et fondé un quilombo (une communauté organisée par des esclaves en fuite).
La musique de Kiko Dinuci est traversée par de multiples influences, toutes rassemblées sur un même territoire : « Mes expériences dans la scène punk rock / hardcore de São Paulo des années 90, la scène samba et les activités religieuses candombles ont façonné ma façon de jouer. » Avec sa guitare, Dinucci a d’abord cherché à imiter les riffs de la scène rock de son adolescence, avant de découvrir la samba classique et d’y incorporer des sonorités africaines. « C’est dans le style d’influence afro de Baden Powell et les guitares de Dorival Caymmi, João Bosco et Gilberto Gil que j’ai pu voir une autre façon de jouer. »
Après la sortie de son premier album solo, Cortes Curtos en 2017, Dinucci avait pris ses distances avec la guitare et ce n’est qu’à l’été 2019, pendant deux mois de récupération pour une fracture du pied (au skateboard), qu’il décide de revenir à ses premières amours. Inspiré par les albums voix et guitare solo du Brésil, il a commencé à travailler sur l’album qui allait l’acclamer comme l’une des voix les plus importantes de la musique brésilienne contemporaine.
Rastilho sortira le 16 octobre sur le label Mais Um.
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